Communiqués de presse


Rédactions TV et radio de la SSR: Berne et Genève demandent un débat politique de fond

Communiqué de presse commun de la Région capitale suisse et des cantons de Berne et Genève: Les cantons de Berne et de Genève demandent un débat de fond sur le rôle de la SSR, entreprise publique financée par une redevance, dans notre système fédéraliste. De concert avec les collectivités réunies en Région capitale suisse, les deux gouvernements cantonaux appellent les Chambres fédérales à ouvrir la discussion en donnant suite aux initiatives parlementaires défendant « la diversité à la place de la concentration ». Il en va d’une idée suisse appelée fédéralisme.

Le conseil d’administration de la SSR entend transférer de Berne à Zurich une partie essentielle des rédactions radio alémaniques de la SRF. En Suisse romande, les dirigeants envisagent de déplacer un large pan de la production audiovisuelle, qui devrait quitter Genève pour Lausanne.

Durant la session de juin, les Chambres fédérales examineront cinq initiatives parlementaires demandant de garantir que la production des programmes soit décentralisée. Le but des auteurs de ces textes, membres de l’UDC, du PS, du PDC, des Verts et du PBD, est que la SSR exploite deux sites distincts pour la radio et la télévision (Lausanne et Genève pour la RTS, Berne et Zurich pour la SRF).

Esprit suisse bafoué

Le Conseil des États devrait se pencher sur l’initiative de Beat Vonlanthen (PDC/FR) mercredi. Le co-président du groupe parlementaire de la Région capitale suisse estime que la centralisation décidée par la SSR est « contraire à l’esprit suisse et reflète un manque de sensibilité absolu ». « Les dirigeants de la SSR refusent le dialogue et la recherche d’une solution constructive », selon le conseiller aux États fribourgeois. Cette position heurte non seulement le personnel touché par les transferts, mais également les habitants des régions concernées. En renonçant à un large ancrage dans les différentes parties du pays, les dirigeants de la SSR enterrent une Idée suisse qui a pourtant fait ses preuves ».

La question des sites de production de la SSR ne relève pas uniquement de la liberté d’entreprise. Les cantons de Berne et de Genève ainsi que la Région capitale suisse comprennent que la SSR est confrontée à d’importants choix stratégiques. Elle doit faire face à une baisse du produit de la redevance, à l’évolution des technologies et des habitudes du public.

En refusant clairement l’initiative « No Billag » par environ 75% des voix, les cantons de Berne et de Genève ne s’attendaient toutefois pas à être aussi rapidement délaissés par la SSR, qui a annoncé les déménagements dans la foulée, a déclaré le vice-président du Conseil d’État genevois Serge Dal Busco.

Discussion de fond

La stratégie de la SSR, qui mise sur une concentration médiatique au détriment de la capitale suisse et de la plus grande ville de Suisse romande, mérite une discussion de fond. « Nous sommes très attachés au rôle de ciment social et culturel de la SSR. Nous attendons des éclaircissements et des garanties sur le rôle que vont jouer la première ville de Suisse romande, deuxième siège international de l'ONU, et la capitale fédérale dans le cadre de cette stratégie », a relevé Serge Dal Busco.

 « La SSR contribue à la cohésion nationale, c'est d'ailleurs elle-même qui le revendique. Il est donc important que le politique ait voix au chapitre et soit informé de ses grandes options stratégiques », a relevé Serge Dal Busco.

Financée par l’argent public, la SSR est tenue en outre de rendre des comptes aux milieux politiques et à la population. La diversité de l’information est importante pour la démocratie directe et la cohésion nationale, encore plus à l’heure où les grands groupes de presse regroupent tous leurs centres décisionnels à Zurich, a affirmé le président du gouvernement cantonal bernois Christoph Ammann. Pour lui, la SSR aurait beaucoup à gagner d’un gel de ses projets de déménagement. Elle reconstituerait ainsi son capital de sympathie, ce qui pourrait lui être profitable pour la suite.

Un soutien aux initiatives parlementaires constituerait un signe politique contre la concentration des offres à Lausanne et à Zurich. Ce signe devrait être donné dans tous les cas, que les élus considèrent ou non qu’il faut inscrire dans la loi l’obligation de maintenir des sites de production séparés. Une répartition des sites de production reste un gage de qualité des contenus et d’indépendance de l’information pour la SSR, selon les cantons de Berne et de Genève.